miércoles, 10 de junio de 2009

DASEIN (frances)

* Principe débattu par Heidegger pour définir la condition humaine dans une perspective espace-temporaire



Il est temps de comprendre qu’en somme nous marchons seuls avec nous-mêmes; et que les amours filiaux, ceux du prochain, les spirituels ou les charnels – peut-être tous unis représentent l’idéal de l’orgie de ce qui est l’esprit- sont un état humain cherchant à compléter ce qui nous manque ; ce qui se noie dans nos solitudes de la naissance à la mort. Et la douleur, cette douleur de la solitude, la solitude du naufragé, celle du prisonnier dans son oubliette, celle du Saint désentendu dans son présent et apostolicité dans son futur, celle de l’homme et de la femme communs d’aujourd’hui –mais aussi des non tant communs qui nous voient de leur hauteur comme si nous étions des fourmis destinées à être écrasées ou pendues ; toute cette douleur nous rend maniaques d’un martyrologue peut-être ancestral et institué par la culture occidentale pour pouvoir jouir de ce qui nous fait mal.
Le martyre a plusieurs facettes, la plus grande partie nous parlent d’un avenir atteignable grâce à certains sacrifices, rêvant un espace et un temps qui n’arrivent jamais. Mais quand le martyre se retord, il se transforme dans l’île humaine –que nous sommes tous, comme des sacs déambulants avec un peu d’anima- du mode le plus agonique et intempestif, plus étrange des relations et aliénant ; jusqu’à sentir comme nihilus phenomenum la solitude.
Beaucoup de philosophie, beaucoup de poétique, beaucoup d’émotivité sonore et visuelle, beaucoup d’hypothèse scientifique ou mystique -... beaucoup de courants- engagent un débat entre le sens de la relation et son antonymie. Et voilà où se sont chevauchés entre les ténébrismes baroques, collapsés sous les romanticismes, les évasions en Orient, les recherches intérieures, les souffles existentiels, les baffes dadaïstes ; jusqu’au point d’écouter Dieu d’une manière inexplicable ou de pénétrer dans les paradoxes lesquels –je le rappelle de nouveau- d’une manière rhétorique comportent la non explication.
Il y a donc un lien occulte entre vivre, être en essence et l’inexplicable, le royaume du mystère. Et bien que la cause de cette peur envers l’existence – qui jour après jour nous rapproche de la mort- ne soit pas impénétrable, certains la célèbrent, d’autres la tropologisent, certains foyers s’en moquent et il y en a même qui l’apologisent avec son entropie inhérente.
Mais le discours excessif ne plaît pas à Cayetano Ferrández. Il l’affirme et c’est comme s’il vivait entre La Laconie et une île fictionnelle appelée Esceptus. Il semble perdre la foi comme s’il ne se trouvait pas dans son « moment ». Après toute la modernité, dont il est encore beaucoup imprégné, il a agonisé cette vocation par le progrès qui instaurait l’être humain dans un treillis social. Après cette modernité l’individu est devenu la cariatide lévitante, le soutien de quelque chose qu’il ignore dans le jour à jour du pédestre, avec ses fils de plus en plus à fleur de peau et une partie de l’art, celle qui m’attire le plus, passait à la résistance culturelle. Elle passait à remettre en question le pouvoir et le Pouvoir. Et peu à peu, il arrivait à un autre état où la dissension ne vient plus par révolutions sinon par petites doses ; mais il existe reniant la réalité, au-delà de l’esthétique, vers l’espace qui est celui de la vie.
Voilà pourquoi je ne partage pas son idée car c’est son temps. Il est temps de faire bouger les choses pour que le courant bien connu arrive à sa fin ; pouvant peu à peu percer une montagne. Et c’est son époque de dissension contre une esthétique importée sur son terrain. Je sais que Tano, comme bien d’autres se débattant dans leur sérieux créatif, s’inquiète de la cosmétisation du domaine de l’art dans lequel il agit, il est exaspéré par la supplantation que les marchés font de la valeur culturelle et symbolique d’une logique culturelle par les paquets si bien conçus depuis les années cinquante par le mainstream américain –ce retourneur financier du grand drame dont Foucault a voulu s’exorciser. Et au jour d’aujourd’hui de nombreuses institutions boivent de ce nœud qui écornait la nature spirituelle de l’art pour la desquamer jusqu’à une valeur de change, portant aux nues plusieurs artistes politiquement corrects aux moments opportuns.
Et que Tano s’en sauve parce que l’art qui l’appelle est celui qui vient de l’Espagne, l’antichambre appauvrie dans d’autres domaines par rapport à l’Europe ; mais riche en ce qui concerne l’approche de la vie et de la mort, du refuge et du désarroi humains.
L’ibérisation de cette zone a créé une nouvelle “terre sainte”, défrichant mais aussi carbonisant, louant mais aussi incinérant l’être chrétien qui, quoique toujours incrédule encore aujourd’hui, habite ces lieux. Et voilà donc un Béat de Liébana – touchant presque l’expulsion musulmane, un Esapnoletto, né après renaître, un Zurbaran mesureur et moralisant, un humaniste comme Velazquez –pour lequel l’homme fut le centre jusqu’à arriver à l’auréole sainte. Ou bien un Francisco assourdi qui fit honneur à son Brillant nom et descendit des cieux à l’enfer pour examiner aussi l’homme dans son plus petit détail. La mort marchait à ses côtés, par conséquent un genre de solitude, sans la peur qu’on en a aujourd’hui bien que, paradoxalement, la vie soit tant appréciée.
Une part de cubisme et une autre de surréalisme en conformaient la dévivification et la revivification. L’un pour mettre en crise l’état réel des choses dans l’espace et pour changer la perception de la vie dans l’art. L’autre pour ouvrir de nouveau une porte entrouverte –comme disait le Marcel du Grand Verre- dans l’obscurité inquisitoire qui nous rappelait cet autre monde que nous habitons dans nos solitudes maximales : celui des rêves et des cauchemars- et nous revenons à Goya.
J’ai voulu, mais peut-être ne suis-je pas arrivé, perquisitionner . Et au-delà de l’expérience technique, dont la critique a recours en général mais dont je préfère me séparer du fait de son formalisme exacerbé, il m’a intéressé pour m’avoir fait submergé dans la lugubrité et la solitude exprimées dans ses ambiances. Tano est un constructeur de sets aux intérêts conceptuels. Bien qu’il les voile à travers une représentation surtout minimaliste. Il célèbre ce ténébrisme qui parlait il y a des siècles de l’homme incomplet, imparfait : être présomptueux dont la vanité lui a fait croire tout pouvoir ce qui fut la raison de sa chute. Il évoque l’axe de la mort qui est aussi l’axe de la vie, comme cette perspective qui nous annonce, au genre humain en tant que spécimen, que toute réalisation le rapproche de la fin et c’est cette peur qu’il l’amène à laisser un halo de lui-même avec la création de quelque chose de perdurable.
Dans ce sens, l’oeuvre de Tano résulte scatologique, annonce la fin. Et l’oppression ou l’amertume se transforment en souffles poétiques. Ses sets semblent des captures présumées d’événements, des performances comme des nœuds qui nous renvoient au dilemme entre Zeus et Prométhée, entre Dieu et son fils, au trauma d’Asmodée ou du rejeton de Geppetto. Là où gisent toujours l’illusion et donc l’expiation.
Ce serait un grand point de suspension, ou un long etcetera, pour faire l’essai de ce qui a déjà été essayé par de meilleurs proches au processus de cette culture du martyrologue. De plus si je précise que Cayetano absorbe le miel et le fiel de sa culture –ici il ne vêt qu’une partie du visuel. Et prendre note que le dilemme de l’humain, de sa condibattement jusqu’à la dernière interruption d’un mode particulier – point visé par toutes les cultures –et indiquer une rare beauté existante dans la douleur, dans l’envoûtement ou la sorcellerie de l’ambiance humaine – et Tano s’y connaît en ambiances dans sa photographie . Dans la solitude de fonds qui vous enfonce s’il n’est pas possible de l’accompagner ou qui vous amène à léviter si vous y trouvez votre giron.

Elche–Altea, février-mars 2005.

frency fernández.
Master en Histoire de l’Art. Professeur universitaire, critique Et commissaire des arts visuels
Cayetano a aussi développé une partie de son oeuvre sur support de vidéo. Mais du fait de la condition parfaite de cette partie de sa production, très en dette avec ses réussites dans le terrain de la photographie, je n’ose toujours pas y pénétrer.
Entre les conquêtes de la photographie dans la résolution des ambiances, en même temps l’un des terrains les plus expérimentaux dans l’art contemporain, nous ne pouvons pas oublier une généalogie qui part de Man Ray –et se nourrit en quelque sorte des environments de Allan Kaprow– jusqu’à Cindy Sherman, Barbara Krugger, Robert Mapplethorpe, Yasumasa Morimura, Andrés Serrano et surtout du conceptualisme et du « réalisme » photographiques des années quatre-vingt-dix à nos jours.

"la audiencia" 51x150 cn 2005

"la audiencia" 51x150 cn 2005

"asmodea" 30x200 cn 2005

"asmodea" 30x200 cn 2005

"volaverunt" 28x200 cn. 2005

"volaverunt"   28x200 cn. 2005

"mis pensamientos" 25x150 cn . 2004

"mis pensamientos" 25x150 cn . 2004

"las parcas" 28x170 cn 2004

"las parcas" 28x170 cn 2004

"lagrimas" 30x170 cn 2004

"lagrimas" 30x170 cn  2004

"hilo de Ariadna" 25x170 cn 2004

"hilo de Ariadna" 25x170 cn 2004